Dati honoraire GDF Suez » : les troublants paiements reçus par Rachida Dati d’un cabinet d’avocats

Certains détracteurs de Rachida Dati suspectent que ces importants revenus proviennent de grandes entreprises. Interpellé par l’ONG de défense de l’environnement Les Amis de la Terre, en février 2014, Martin Schulz, alors président du Parlement européen, demande l’ouverture d’une pré-enquête par le comité consultatif sur la conduite des députés. L’eurodéputé vert allemand Daniel Freund se souvient parfaitement de cet épisode. Il était à l’époque l’assistant du président de ce comité d’éthique et était chargé de préparer l’entretien de Rachida Dati. Auprès de « Complément d’enquête », Freund est formel : « Elle nous a dit qu’elle ne travaillait pas pour Gaz de France et que ces allégations étaient fausses » . Et d’ajouter que Rachida Dati affirmait travailler sur « des questions de violences familiales et de droit des femmes » mais « surtout pas des sujets industriels, gaz ou énergie ».

Les propos de Daniel Freund sont corroborés par le compte-rendu de l’entretien de Rachida Dati, envoyé à la présidence du Parlement européen et que nous avons eu en notre possession. Il conclut : « En ce qui concerne un éventuel conflit d’intérêts, ce premier entretien (…) a laissé la réponse ouverte et le reproche ne peut être ni confirmé ni écarté » . A deux mois des européennes de 2014, le Parlement européen préfère laisser passer les élections. L’enquête initiée par Martin Schulz sera brièvement relancée après le scrutin, avant d’être abandonnée.

Les nombreuses dénégations de Rachida Dati
Rachida Dati est interrogée à de nombreuses reprises par des journalistes sur ces éventuels liens avec GDF Suez. Par Elise Lucet, pour « Cash investigation » en 2015, qui lui demande, dans les couloirs du Parlement , si elle a un « lien direct ou indirect avec GDF Suez » , et à qui l’intéressée refuse de répondre ; par Jean-Jacques Bourdin, à deux reprises (2014 et 2015), sur BFMTV, à qui elle affirme que « GDF n’est pas son client » ; ou encore sur un plateau de France 2, en novembre 2014, où elle martèle n’avoir « aucun conflit d’intérêts, sinon ça se saurait » .

A l’époque, via un communiqué de ses avocats, Rachida Dati « tient à souligner que ses activités d’avocat et ses revenus sont déclarés au Parlement européen conformément au règlement et cela depuis le début de son mandat sans qu’aucun incident ne soit intervenu. Il n’a jamais existé et il n’existe absolument aucun conflit d’intérêts entre son activité et son mandat de député européen. »

Les révélations de « Complément d’enquête » et de son partenaire Le Nouvel Obs remettent en cause ces affirmations et laissent penser que Rachida Dati aurait été rémunérée de façon indirecte par GDF Suez. Elles font écho à l’affaire Renault, dans laquelle l’élue est accusée de corruption passive et de trafic d’influence passif au profit du groupe automobile au sein du Parlement européen. Rachida Dati a toujours nié en bloc ces accusations.

Contactés, Rachida Dati ainsi que ses avocats n’ont pas répondu aux questions soulevées par notre enquête, pas plus que Gérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez à l’époque, ni le cabinet d’avocats.

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