Une activité d’eurodéputée qui interroge
Quelles missions Rachida Dati a-t-elle effectuées pour le cabinet d’avocats d’affaires en échange de ces paiements ? La réponse se trouverait-elle du côté de son travail au Parlement européen ? Selon ses détracteurs, Rachida Dati s’est largement engagée en faveur du secteur gazier, dont GDF Suez fait partie, à coups d’amendements et de questions écrites à la Commission européenne, notamment lors de son premier mandat, entre 2009 et 2014.
A Bruxelles, le signal d’alarme est tiré par Corinne Lepage, elle aussi eurodéputée. Dans une tribune publiée sur le HuffPost en novembre 2013 (Nouvelle fenêtre), l’ancienne ministre de l’Environnement s’étonne de l’intérêt soudain de Rachida Dati pour les questions énergétiques et s’interroge sur les prises de positions de l’ancienne garde des Sceaux au Parlement Européen et dans la presse : « Elle se fait le porte-parole des énergéticiens pour attaquer sévèrement les énergies renouvelables, soutenir le gaz de schiste, et plus encore elle va reprendre quasiment mot pour mot les déclarations de Gérard Mestrallet » , le patron de GDF Suez à l’époque.
Il est vrai qu’entre décembre 2011 et avril 2013, Rachida Dati a fait preuve d’un intense travail législatif, toujours en faveur du secteur du gaz. L’élue a déposé des dizaines d’amendements sur au moins quatre projets de textes législatifs portant sur des réglementations européennes en matière énergétique.
Sur cette même période, Rachida Dati confirme son intérêt pour le gaz en interpellant à au moins quatre reprises la Commission européenne avec des questions écrites. Comme celle-ci (Nouvelle fenêtre), déposée le 9 février 2012, dans laquelle l’élue demande à la Commission de se positionner sur le rôle du gaz à horizon 2050 dans le bouquet énergétique européen, tout en affirmant que « les larges gisements récemment découverts (tel celui d’Absheron en Azerbaïdjan) (…) portent bon espoir que le gaz restera une source d’énergie fiable, et pour longtemps » . Le gisement en Azerbaïdjan évoqué par Rachida Dati est par ailleurs un projet colossal dans lequel GDF Suez est impliqué à hauteur de 20%, avec Total et Socar, la compagnie nationale du pays.
Pas d’intérêt financier déclaré auprès du Parlement européen
En décembre 2013, l’hebdomadaire Le Point révèle les honoraires de Rachida Dati (Nouvelle fenêtre) : plus de 500 000 euros sur la seule année 2012, auxquels s’ajoutent les 95 000 euros perçus en tant qu’eurodéputée. Au Parlement européen, Rachida Dati a bien déclaré son activité d’avocate et coché la case qui correspond à son niveau de revenus de plus de 10 000 euros par mois. En revanche, elle ne mentionne aucun intérêt financier susceptible d’influencer l’exercice de ses fonctions. Même scénario auprès de la Haute Autorité de la transparence et de la vie publique (HATVP), créée en 2014 en France. Rachida Dati y déclare ses revenus d’avocate (625 000 euros en 2010, 539 000 euros en 2011, 704 000 euros en 2012 et 205 000 euros en 2013) mais aucun potentiel conflit d’intérêts susceptible d’influencer l’exercice de ses fonctions.
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